Enzo
Robin Campillo, Laurent Cantet, Belgien, Frankreich, Italien, 2025o
Enzo, 16, ist Maurerlehrling in La Ciotat. Auf Drängen seines Vaters, eine höhere Ausbildung anzustreben, will der junge Mann der bequemen, aber erdrückenden Umgebung der Familienvilla entfliehen. Auf den Baustellen freundet sich Enzo mit Vlad, einem ukrainischen Kollegen, an. Schon bald entwickelt sich aus ihrer Komplizenschaft eine Anziehung. Hin- und hergerissen zwischen den festen Vorstellungen seiner Eltern und seinen eigenen Wünschen, macht der Teenager eine heikle Phase durch. Wird er sie unbeschadet überstehen?
Naviguant entre la chronique sociale et le récit d’apprentissage, l'auteur et réalisateur français Robin Campillo s’empare d’un scénario fruit de sa plume et de Laurent Cantet – décédé en 2024, ce dernier aurait dû réaliser le film lui-même. Fils cadet d’un couple de cadres, Enzo tourne le dos aux attentes de ses parents: au lieu de suivre la voie gymnasiale, il se lance dans la maçonnerie. Sur le chantier, l’enfant terrible se lie d’amitié avec un ouvrier ukrainien au charme magnétique. Bientôt, la complicité se transforme en attirance qui, quand bien même elle serait partagée, ne peut être concrétisée, différence d’âge oblige. Tiraillé entre les idées arrêtées de ses parents et ses désirs frustrés, ses origines bourgeoises et le prolétariat ouvrier, Enzo traverse une phase délicate. On regrette que les moments de crise intérieurs soient systématiquement traduits ou résolus par des chocs physiques. Le recours à cette solution de facilité scénaristique ne doit pas nous détourner des vertus essentielles de ce film, qui tiennent d’une part à son casting – signalons l’épatant Eloy Pohu dans le rôle-titre, l'irrésistible Maksym Slivinskyi ainsi que le couple parental saisissant de justesse formé par Élodie Bouchez et Pierfrancesco Favino – et, d’autre part, à la délicate photographie signée Jeanne Lapoirie. Dans la plus belle scène, les adultes, assis sur une colline surplombant la mer, observent leur progéniture adolescente barboter dans l’eau en contrebas. Bientôt, la caméra se détourne du regard des parents pour se concentrer sur Enzo, libre dans l’eau, puis s’élève doucement en caressant le paysage environnant. Cela s’appelle la grâce.
Emilien Gür